Journal d’une maquisarde
…Je me souviens que ce qui me frappa à mon arrivée au maquis, ce fut l’ordre et la discipline qui y régnaient, ce fut le moral extraordinaire de nos populations.
Les femmes en particulier étaient admirables.
C’étaient elles qui restaient dans les villages, seules avec les enfants et les vieillards, lorsque les hommes venaient servir parmi nos troupes lorsque nous étions à un endroit, où l’armée française était signalée. Puis, à la fin des combats, lorsque l’ennemi partait, ce sont elles qui nous accueillaient avec sourire, et pourtant nous savions que certaines venaient de subir les pires sévices : les tortures, les viols Jamais, je ne les ai entendues se plaindre. Au contraire, alors qu’elles ont eu à supporter plus que nous, c’était elles qui nous encourageaient et qui nous bénissaient. Je les ai très souvent vues enterrer les morts : Leurs époux, leurs fils, à chaque fois, elles répétaient ces paroles : « Nous ne porterons pas leur deuil. Pourquoi les pleurer puisqu’ils sont morts pour la patrie, ils sont morts de la belle et de la plus glorieuse des morts ». Personne ne pourra mesurer avec exactitude quel degré atteint leur dévouement. Mais tous nos combattants pourront l’attester. Elles n’ont jamais reculé devant un danger. Elles ont toujours répondu présentes à notre appel ; elles ont affronté la mort autant de fois que nous et même plus. Au cours des accrochages lorsque nous étions obligés de rester plusieurs heures, quelques fois toute la journée face à l’ennemi, c’étaient toujours elles qui risquaient leur vie pour venir nous apporter des renseignements utiles.
Beaucoup ont été tuées ainsi par les coups de mortier de l’armée française. C’était elles qui, quelles que soient les circonstances, nous apportaient à manger et à boire.
Certaines d’entre elles, souvent des jeunes filles, partageaient une partie de nos responsabilités. En effet, elles servaient de dépositaires pour les médicaments que nous ne pouvions pas transporter en très grande quantité. Elles étaient là à attendre le moindre appel de nous pour nous venir en aide.
Beaucoup enfin de ces femmes vaillantes et exceptionnelles sont mortes au combat. Comme des hommes...
El Moudjahid n°14 du 22/06/1963
QUESTIONS
COMPREHENSION : (13pts)
1-« Ce fut le moral extraordinaire de nos populations. »
Relevez du texte quatre mots qui désignent « nos populations ».
2- « Les femmes en particulier étaient admirables. »
En quoi les femmes étaient-elles admirables ? Répondez en relevant du texte quatre expressions ou phrases.
3 - « les hommes venant servir parmi nos troupes lorsque nous étions à un endroit, où l’armée française était signalée. »
- A qui renvoient dans le texte les mots soulignés.
4 - Relevez quatre mots appartenant au champ lexical de la guerre.
5- « Je les ai très souvent vues enterrer les morts ».
A qui renvoie le pronom souligné ?
6- Relevez du texte une phrase qui montre que , malgré la souffrance , les femmes n’ont cessé d’encourager les hommes.
7- Ce texte a été écrit pour :
a- dénoncer.
b- témoigner.
c -rendre hommage.
d- décrire.
Recopier les deux bonnes réponses qui conviennent le plus au texte.
8- Proposez un autre titre au texte.
EXPRESSION ECRITE : (7pts)
Vous traiterez au choix ,l’un des deux sujets.
1/ Faites le compte rendu objectif de ce texte.
2/ Beaucoup enfin de ces femmes vaillantes et exceptionnelles sont mortes au combat. Comme des hommes...
A l’occasion de la journée de la femme ( 08 mars) ,le journal de votre lycée décide de consacrer la rubrique « Histoire » au rôle des Algériennes pendant la lutte de libération nationale , vous rédigez un article dans lequel vous ferez témoignez une ancienne maquisarde.